Regarder des séries qu’on n’aime pas : pour quelles raisons ?

On ne peut s’empêcher de se pelotonner dans un plaid douillet et de tenir une boisson chaude dans nos mains lorsqu’une nouvelle série est lancée sur les services de streaming. Cela ne fonctionne pas toujours, et on peut se retrouver à ne pas aimer l’histoire ou les personnages après seulement quelques épisodes. Cependant, nous n’avons aucun contrôle sur notre curiosité de ce qui va se passer ensuite. Bizarre ? Pas du tout. C’est ce qu’on appelle le « hate watching », et cela peut même nous être bénéfique.

Parce qu’il y a le mécanisme naturel de hate watching

En 2012, une journaliste du New Yorker nommée Emily Nussbaum a inventé l’expression en discutant de la série télévisée Smash. Une série télévisée sur un groupe d’acteurs qui veulent transformer la vie de Marilyn Monroe en une comédie musicale de Broadway. « J’ai trouvé la série absolument déstabilisante », écrit la jeune femme dans sa critique, « parce que je n’arrivais pas à décider si elle était vraiment mauvaise ou un somptueux chef-d’œuvre. » La journaliste méprisait les personnages et était abasourdie par les rebondissements absurdes de l’intrigue dès le premier épisode, mais elle s’est accrochée et a regardé les deux saisons. C’est ce qu’on appelle le « hate watching ».

Cela se produit lorsque vous regardez une mauvaise émission de télévision ou un mauvais film. Cependant, comme l’explique Stephen Dehoul, psychologue et psychothérapeute en addictologie, au HuffPost, regarder quelque chose qui ne nous fait ressentir que de la haine, du dégoût ou du mépris peut être à la fois sain et presque addictif. Alors, n’ayez pas peur de commencer une série prochainement ; qu’elle soit réussie ou non, elle vous sera toujours bénéfique. Si vous voulez accéder à un large choix de séries à regarder, suivez les actus de la télé.

À cause d’un effet anesthésiant de la série

Selon le psychologue et psychanalyste Michael Stora, auteur de Et si les écrans nous soignaient, « Parfois, nous voulons regarder quelque chose de “stupide”, quelque chose qui ne suscite pas trop d’émotions anxiogènes » (1). C’est la motivation des télétravailleurs qui veulent « se vider la tête » après une longue journée. À l’université de Paris-Nanterre, la psychologue clinicienne Nathalie Camart souligne l’effet anesthésiant que certains programmes ont sur notre cerveau. « Le visionnage haineux nous permet de nous évader dans un contenu dénué de sens quand on s’ennuie. On utilise ce visionnage passif pour s’épuiser psychologiquement » dit-elle encore.

À cause d’un mécanisme d’identification

Le processus d’identification du scénario est efficace si quelqu’un s’y accroche malgré la répulsion qu’il inspire. La psychologue clinicienne affirme qu’en faisant ressortir les penchants et les fantasmes refoulés du public, la fiction a un effet cathartique et libérateur. « Nous avons tous des côtés cachés, sinistres, que nous ne voulons pas reconnaître parce qu’ils nous semblent inacceptables, reconnaît Nathalie Camart. En revanche, nous les acceptons parce qu’ils sont sur un écran, ce qui a un effet déculpabilisant. »

L’experte affirme que si les personnages de fiction sont représentés de manière crue, l’impact est multiplié par deux. Elle note que cela ne fait qu’accélérer le processus d’identification, car ils piquent la curiosité ou le désir des gens.

 

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